Garalde

En 1953, le typographe français Maximilien Vox présente une classification des caractères qui sera reprise et complétée en 1961 par l’Association typographique internationale (ATypI) et qui fait depuis autorité. Vox distribue les caractères historiques depuis l’apparition de l’imprimerie jusqu’au milieu du XIXe siècle en quatre grandes familles : les humanes, qui correspondent aux types créés à Venise vers 1470 ; les garaldes, soit la lettre du XVIe siècle ; les réales, débutées par le Romain du roi à la fin du XVIIe siècle ; et enfin les didones, initiés par les Didot et Bodoni au tournant du XIXe siècle. L’appellation « garalde » associe le patronyme de Garamont et le prénom de Alde Manuce. Le « type aldin » que le célèbre imprimeur vénitien et son graveur Francesco Griffo ont perfectionné de 1495 au début du XVIe siècle a servi de modèle au Garamond. Mais il a été relativement peu développé en différentes forces de corps et peu employé dans l’ensemble de la production d’Alde Manuce, constituée surtout d’ouvrages en caractères grecs ou en italiques. C’est à Paris, dans l’atelier de Robert Estienne, au cours des années 1530 que naît un ensemble typographique très cohérent en plusieurs corps, qui vient parachever l’œuvre de Manuce. Par rapport aux humanes qu’ils supplantent rapidement, ces nouveaux caractères gagnent en finesse et en lisibilité, avec un axe légèrement redressé, un contraste plus marqué entre pleins et déliés, des contre-formes plus subtiles, des empattements bien moins lourds. Les garaldes vont dominer la typographie en Europe occidentale jusqu’au XVIIIe siècle. Elles connaîtront un regain d’intérêt à la fin du XIXe et seront amplement mises au goût du jour depuis par le biais de multiples interprétations.