En 1783, Étienne Anisson, directeur de l'Imprimerie royale, convoque une assemblée d'experts pour confronter le premier « système Didot » selon les termes de l'époque, au Garamond. Examinant le même texte composé en l'un et l'autre type, les experts jugent « que la page qui fournit le plus long-temps [sic] des moyens de lecture, fut celle imprimée dans le système de Garamond, et qu'on la lut encore plusieurs fois en s'éloignant, après qu'on eut cessé de distinguer la page imprimée de Didot. » Le citoyen Sobry, membre de la Société libre des sciences, lettres et arts de Paris, relatant en séance publique cette expérience, le 9 brumaire an 8 [31 octobre 1799], en conclut : « [C'est] un fait qui décide péremptoirement la question entre les anciens et les nouveaux caractères. (...) Le maximum de perfection de cet art se trouve avoir été fixé par Garamond...» Il est à noter, d'une part, que le « système Didot » n'avait pas atteint à la perfection acquise dans les années 1800; d'autre part que, depuis lors, la question de la lisibilité des caractères n'a cessé de faire l'objet de recherches qui n'ont pas abouti à des conclusions tranchées. En 1905, les travaux d'Émile Javal, Physiologie de la lecture et de l'écriture, démontrent que la lecture s'opère par blocs de lettres, se portant en premier lieu sur la partie supérieure des mots, laquelle est effectivement la plus reconnaissable. Depuis, les investigations de Brör Zachrisson, Studies in the rehability of printed text (1957), ont souligné que les types, dont le Garamond, qui possèdent une excellente lisibilité le doivent avant tout à leur construction et leur rythme harmonieux, incarnés dans l'excellence de leurs contre-formes, et dans une bien moindre mesure à la qualité de leurs empattements. Si bien que des « linéales », soit des caractères sans empattements, offrent une lisibilité au moins équivalente.