À la Renaissance, les métiers du livre, comme les autres milieux professionnels, sont marqués par une très forte endogamie. Veuves et filles d’imprimeurs épousent souvent un prote, un compagnon, parfois un maître. Rares sont celles qui quittent le milieu.

Pour le maître qui marie sa fille, le choix du prétendant est important : il permettra de fonder une solidarité durable entre deux ateliers et de faire alliance avec un confrère pour les années à venir. Les intérêts ici défendus sont d’abord économiques : il s’agit d’agrandir le « clan » pour le renforcer.

Pour le maître qui marie sa fille, le choix du prétendant est important : il permettra de fonder une solidarité durable entre deux ateliers et de faire alliance avec un confrère pour les années à venir.

Annie Parent-Charon évalue ainsi à une dizaine les familles qui se partagent les grandes fortunes dans les métiers du livre à Paris : les Petit, les Regnault, les Kerver, les Estienne, les Bade, Guillaume Godard et son gendre Guillaume Merlin, Galliot du Pré, Vincent Sertenas, Michel de Vascosan et les Wechel, Chrétien et André. Ces bourgeois de Paris, tous libraires jurés, forment des alliances en se mariant entre eux.

Ainsi les quatre filles de Josse Bade épousent-elles toutes un libraire ; le grand imprimeur humaniste a ainsi pour gendres Robert Estienne, Jean de Roigny, Michel de Vascosan et Jacques Dupuys. De véritables dynasties apparaissent ainsi, dont les multiples branches sont liées par des intérêts professionnels. L’endogamie n’est pourtant pas propre aux libraires les plus puissants. Le phénomène concerne également des artisans plus modestes, comme l’imprimeur Louis Tarroreau qui épouse la pupille de son confrère Jean de La Roche en 1543, ou le graveur Claude Garamont, qui épouse la fille du fondeur et imprimeur Pierre Gaultier.