Au milieu du XXe siècle, alors que des innovations techniques bouleversent le monde de l’imprimé, des réinterprétations de Garamond continuent à paraître.

Deux fonderies italiennes éditent respectivement le Garaldus (Nebiolo, Turin, 1957) et le Garamond Simoncini (Bologne, 1958). En 1964, un groupement d’imprimeurs allemands cherche à promouvoir un nouveau caractère inspiré de Garamont, apte à être utilisé dans les différentes techniques d’impression alors disponibles : composition manuelle, composition mécanique, photocomposition.

Un Garamond destiné à tous les procédés d’impression de son temps.

La tâche est confiée à Jan Tschichold, un des grands défenseurs de l’orthodoxie typographique après avoir été le père de la Nouvelle typographie. Tschichold mène une étude très poussée des formes du Garamond (1964-1967), en s’appuyant sur le spécimen Egenolff-Berner, mais il ne se contente pas de copier le Garamond ; il en normalise la construction en lui enlevant les aspérités caractéristiques des types anciens pour le rendre plus économique (d’une largeur moindre). Pour l’italique, il s’inspire plus directement d’un modèle de Granjon présenté dans le spécimen. Baptisée Sabon, la garalde créée par Tschichold est sobre, sage, bien proportionnée, répondant aux préceptes de Stanley Morison selon lesquels un caractère réussi est celui qui passe inaperçu. Le Sabon pâtit toutefois des impératifs techniques en fonction desquels il a été conçu. Ainsi, son « f » italique semble avoir été raccourci pour l’utilisation sur Linotype. Commercialisé par les firmes Linotype, Monotype et Stempel, il est considéré comme l’une des plus belles interprétations contemporaines du Garamond. Maximilien Vox qualifiera son programme de « hautement intelligent », et de « choix véritablement humaniste ». À noter que le Garamond Classico de Franko Luin, paru en 1993, est également basé sur le Sabon.