Créateur d’un beau caractère dans le registre du Garamond.

Jean Jannon, ancien de l’atelier de Robert III Estienne, à Paris, expert en gravure et en fonderie, maître imprimeur en 1606, s’installe à Sedan, à partir de 1610. Il y travaille pour le compte du prince Henri de la Tour d’Auvergne et de l’Académie protestante établie dans cette place forte réformée. Dans le spécimen de son caractère qu’il publie en 1621, il rédige une préface à destination des imprimeurs, vantant les mérites de Robert Estienne ou d’André Wechel – sans mentionner Garamont. La qualité et la finesse de ses types sont largement reconnues ; il grave notamment une police en très petit corps, devenue célèbre sous le nom de « Petite Sedanoise » ou « Sedanaise », qui constitue un tour de force en son temps. De quelle manière l’Imprimerie royale a-t-elle acquis ces caractères ? Il a longtemps été fait mention d’une saisie de leurs matrices par ordre de Richelieu sur une route normande où elles transitaient pour être livrées à un imprimeur réformé de Caen. Il semble que l’affaire ait été quelque peu romancée et que, simplement, une bonne somme fut offerte à Jannon pour qu’il les fournisse.