Le 23 septembre 1561, alors qu’il est logé rue des Carmes, Claude Garamont se trouve « malade», mais « sain de pensée, mémoire et entendement». Sentant son heure approcher, il rédige son testament. Ce document, découvert et analysé par Geneviève Guilleminot, porte un éclairage inédit sur la personne de Claude Garamont.

S’il n’est pas très riche, Garamont ne meurt toutefois pas dans la misère. Par son testament, il prodigue de nombreux legs à ses proches et à ses amis. Le graveur semble très attaché à sa mère, toujours vivante en septembre 1561 lorsqu’il rédige son testament, même si elle est alors « fort âgée, aveugle, et sans le moyen de se conduire [seule] ». Claude confie à son confrère et ami André Wechel « le surplus de tous ses biens » afin de subvenir à l’entretien de sa vieille mère.

« Par devant nous fut présent en sa personne honorable homme Claude Garamont, graveur et tailleur de lettres à imprimer pour le roy, demeurant à Paris rue des Carmes, gisant au lit malade, toutefois sain de pensée, mémoire et entendement… » Testament de Claude Garamont, 23 septembre 1561

Le testament de Garamont a permis d’analyser la pratique religieuse du graveur. Contrairement aux habitudes testamentaires parisiennes, le testament de Garamont n’invoque pas la Vierge, ni aucun saint. Par ailleurs, Garamont ne réclame ni prières ni messes après sa mort, et se contente d’obsèques sobres, en présence du seul vicaire. Il prend pour exécuteur testamentaire André Wechel, libraire à l’Écu-de-Basle, rue Saint-Jean-de-Beauvais, qui déclarera ouvertement sa foi protestante peu de temps après. Garamont semble donc adhérer discrètement à la Réforme.

Garamont meurt peu après la rédaction de son testament, avant que la France ne bascule dans les guerres de Religion. Le 18 novembre 1561, sa fonderie est inventoriée par Guillaume Le Bé et Jean Le Sueur. Guillaume Le Bé acquiert l’essentiel du matériel disponible. Christophe Plantin et André Wechel achètent également le plus grand nombre possible de poinçons et matrices.