Le 2 novembre 1540, Pierre Duchâtel, conseiller et aumônier du roi, garde de sa librairie, passe contrat avec Robert Estienne pour faire tailler par Claude Garamont des « poinssons de letres grecsques » à partir de modèles et d’instructions du calligraphe d’origine crétoise Ange Vergèce, calligraphe du roi.

Claude Garamont entreprend alors la gravure d’un grec d’une rare élégance : ce sont les fameux Grecs du Roi. Si Pierre Duchâtel semble être intervenu au départ dans le choix des caractères, Claude Garamont travaille surtout sous la direction d’Ange Vergèce qui fixe le nombre et la grandeur des lettres, le travail de taille des poinçons et de frappe des matrices se faisant « sous la conduite et jugement» de l’« escripvain en lectre grecque pour le Roy ».

« L’art qui m’est familier est une petite chose menue. » Claude Garamont, 1545

Le 1er octobre 1541, 225 livres tournois sont assignées au nom de Robert Estienne afin qu’il les remette à « Claude Garamond, tailleur et fondeur de lettres… sur et en déduction du paiement des poinçons de lettres grecques qu’il a entrepris et promis de tailler et mettre ès mains dudict Estienne, à mesure qu’il les fera, pour servir à imprimer livres en grec, pour mectre en nos librayries».

Après le départ de Robert Estienne pour Genève en 1550, les poinçons passent aux différents imprimeurs du roi pour être finalement transmis au XVIIe siècle à l’Imprimerie royale (dont ils constituent aujourd’hui l’un des trésors, avec 1327 poinçons originaux, classés Monuments historiques).