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- L’humanisme et le renouveau des lettres
L’imprimerie est stimulée par la dynamique du renouveau culturel humaniste, de la même façon que les travaux humanistes sont largement tributaires de l’imprimerie. Humanisme et typographie constituent donc deux nouveautés interdépendantes.
Le développement d’une économie du livre, qui brasse d’importants capitaux, engendre une véritable émulation intellectuelle, les imprimeurs cherchant à dépasser leurs concurrents en publiant des traités inédits ou des textes plus corrects et plus complets que ceux de leurs confrères. La bibliothèque du Roi à Fontainebleau est fréquentée par les lettrés qui y recherchent des manuscrits de textes classiques ou des Pères de l’Église. Ces textes antiques nourrissent une littérature contemporaine qui constitue un secteur éditorial neuf. Des traités techniques et scientifiques, antiques ou contemporains, sont publiés avec une illustration abondante, qui facilite la compréhension et rend le propos plus précis. La technique typographique vient ainsi seconder la démarche humaniste de renouvellement des savoirs.
La technique typographique vient seconder la démarche humaniste de renouvellement des savoirs.
Érasme constitue le plus bel exemple d’une nouvelle génération d’intellectuels qui fondent leur réussite sur une parfaite maîtrise du « pouvoir de l’imprimerie ». Installé à Bâle auprès de son imprimeur Johann Froben dès 1514, il contrôle de près la réalisation des éditions et fournit ses textes aux typographes au fur et à mesure qu’avancent les travaux d’impression. Portés par cette dynamique, les imprimeurs se font parfois auteurs eux-mêmes. Certains parviennent à un tel degré de compétence qu’ils prennent part eux-mêmes à l’établissement des textes.
Tel est le cas des parisiens Josse Bade, Simon de Colines ou Robert Estienne, ou des lyonnais Sébastien Gryphe, Étienne Dolet, Guillaume Rouillé et Jean de Tournes. Tous suivent le modèle du vénitien Alde Manuce qui avait, le premier, adopté la posture de l’imprimeur-savant. Ils défendent avec passion leurs choix éditoriaux : Dolet meurt sur le bûcher en 1546, tandis que Robert Estienne se réfugie à Genève en 1550 pour avoir imprimé des textes suspects d’hérésie.