Libraire-imprimeur-juré (1513-1590)

Né dans une famille d’imprimeurs et typographes, Robert Granjon est reçu libraire-imprimeur-juré à Paris, en 1523. Il commence à graver ses propres caractères romains et italiques inspirés des types d’Estienne à partir de 1543. Installé à Lyon, dans les années 1550, il épouse la fille du célèbre graveur Bernard Salomon et collabore avec Jean I de Tournes. Il y conçoit un étonnant caractère qu’il dénomme « lettre française », qui semble issu d’une volonté de compromis entre la cursive gothique et l’italique, et qui sera popularisé sous l’appellation de « caractère de civilité ». De 1563 (ou 65) à 1570, il grave de nombreux types pour Christophe Plantin, notamment des adaptations en petits corps de caractères de Garamont, et vit la plupart du temps à Anvers, tout en séjournant à Francfort et Genève. Puis, il rejoint le Vatican, où il demeure jusqu’à sa mort (1578-1590). Responsable de la fonderie de caractères de l’imprimerie du Vatican et de l’imprimerie des Médicis, cette dernière se consacrant plus particulièrement à la parution d’ouvrages dans les langues orientales, il y grave une importante série de poinçons d’alphabets arabe, arménien, hébreu et syriaque. Ses réalisations, proches de celles de Garamont, mais plus remarquables encore dans le registre des italiques constituent une manière de perfectionnement du modèle d’Estienne. Elles connaissent une diffusion internationale, portée par la contre-réforme catholique, laquelle entend réaffirmer l’hégémonie intellectuelle et culturelle de l’Église en Europe par le biais de l’imprimé et renforcer l’évangélisation en terres d’Orient.