Au cours de son histoire encore brève, la typographie numérique a connu plusieurs formats.

Le Type 1, mis en place par la société Adobe en même temps que son langage informatique PostScript en 1982, est concurrencé dès la fin des années quatre-vingts par le TrueType d’Apple. Tous deux utilisent le principe de la courbe de Bézier, qui permet de fixer un dessin de lettre et de le reproduire aisément de la taille d’une tête d’épingle à celle d’une façade d’immeuble.

« Le basique alphabet est de plus en plus accompagné de mille raffinements typographiques qu’un typographe du XVesiècle aurait mis des mois à graver »

Les fontes Multiple Masters, extension du système PostScript, disposaient de plusieurs dessins à partir desquels on pouvait, par interpolation, en déduire d’autres : un demi-gras pouvait être, par exemple, créé à partir d’une interpolation entre le « master » normal et le « master » gras. Cette technique qui paraissait renouer avec certains usages de la gravure de poinçon à la Renaissance - graver chaque corps séparément, selon des particularités propres - n’a pas fait long feu. Elle a cédé la place au format OpenType, qui semble s’implanter durablement et devenir la norme en matière de dessin de caractères aujourd’hui. Il permet de regrouper une très grande quantité de signes (plusieurs milliers) en un seul fichier, plus facile d’utilisation. Le caractère « standard », les ligatures supplémentaires, petites capitales, variantes grecques et cyrilliques, chiffres, dessins alternatifs, etc., sont réunis dans un seul fichier, avec chacune des variantes de dessins activables et désactivables à volonté.

Aux premières générations de caractères peu réussies succèdent des caractères de plus en plus aboutis, aux fonctionnalités toujours plus étendues, et parmi lesquels figure une myriade de Garamond.