Maillon essentiel de la chaîne du livre, les imprimeurs parisiens ne forment pas un groupe homogène. Il existe ainsi une hiérarchie entre les ateliers.

Quelques puissantes imprimeries financent elles-mêmes leurs publications, décident seules de leurs choix éditoriaux, font rouler de nombreuses presses et maîtrisent intégralement la diffusion de leurs ouvrages. C’est le cas des grands ateliers parisiens, ceux de Josse Bade, des Estienne, de Colines, ou des Kerver.

Mais, comparées à ces puissantes entreprises, beaucoup d’imprimeries font pâle figure. Alors que les Estienne ou les Kerver possèdent cinq ou six presses, nombre d’ateliers n’en ont que deux, voire une seule. Quelques imprimeurs n’en possèdent même pas, et se contentent de louer leurs matériels en fonction des commandes qu’ils reçoivent. C’est le cas notamment d’Adam de Saulty, qui loue ses presses à la famille Estienne. Car, sans capacité financière, les petits patrons ne produisent aucune édition et attendent les commandes passées par les puissants libraires qui les font travailler. Leur situation précaire peut déboucher sur des faillites ou des abandons du métier.

Maillon essentiel de la chaîne du livre, les imprimeurs parisiens ne forment pas un groupe homogène.

À l’intérieur même de l’atelier, se rencontrent d’autres inégalités. À la tête de l’entreprise, le maître dirige une troupe de plusieurs ouvriers (en moyenne deux à trois par presse), auxquels il impose, non sans heurts, des horaires et des cadences de travail. Au bas de l’échelle figurent les apprentis dont le sort est variable, mais qui réalisent la plupart des tâches les moins valorisantes. Sa formation achevée, l’apprenti devient à son tour compagnon : il est désormais un travailleur libre et rémunéré, engagé pour une durée généralement courte de six mois ou un an. Parmi les compagnons, il convient de distinguer les pressiers, ouvriers à la presse, peu qualifiés, des compositeurs, qui travaillent à la casse, et qui ont souvent suivi une courte scolarité. Seule une minorité des compagnons, les fils de maîtres notamment, parviennent à acquérir du matériel pour devenir patrons à leur tour.