À partir de 1531, Robert Estienne publie une série de dictionnaires ou lexiques, le Latinae linguae Thesaurus (1531, 1536, 1543), le Dictionarium latinogallicum (1538, 1546, 1552) et le Dictionnaire francoislatin (1539, 1549), qu’il ne cesse de revoir et de corriger et qui sont avant tout destinés à faciliter l’accès au texte biblique.

En retour, leurs propositions fixent le bon usage et la bonne retranscription du latin et ceux de la langue française. L’idée que le varnaculaire joue un rôle dans l’apprentissage du latin est novatrice. Le Dictionnaire francoislatin est le premier lexique à entrées en français, désignant les équivalents latins, suivis de développements en langue nationale.

Le modèle du « Garamond » s’impose comme le standard typographique des débuts de la lexicographie moderne.

Estienne diffuse également par ce biais une réflexion orthographique et grammaticale, dans le but de dresser « certaines reigles tant pour l’intelligence des mots, que pour la droicte escripture d’iceulx. » Il se charge de l’essentiel des travaux et fait appel à nombreux érudits de son temps pour les compléter. Cette entreprise est indissociable de la relecture qu’il propose des textes sacrés, à laquelle il souhaite faire accéder le plus grand nombre. Ses dictionnaires connaissent des versions abrégées, dévolues à un jeune lectorat, ainsi le Dictionariolum puerorum latinogallicum ou les Mots françois rangez selon l’ordre des lettres, plusieurs fois revus, et réédités du XVIe jusqu’à la fin du XVIIe siècle.

La typographie contribue à cet effort pédagogique. De même qu’Estienne a « inventé» l’alinéa pour mieux singulariser les versets de la Bible, il vulgarise dans ses dictionnaires l’association des romains et des italiques pour distinguer les langues. Ce sont ses propres caractères qui pourvoient à la composition des textes, et leur excellence donne la mesure de la qualité des ouvrages. Le modèle du « Garamond» s’impose comme le standard typographique des débuts de la lexicographie moderne.