Selon la coutume de Paris, la femme de la Renaissance est soumise à l’autorité de son mari. Elle ne peut s’établir à son compte, ni exercer un métier. Pourtant, les femmes jouent un rôle fondamental dans le monde de l’édition parisienne.

C’est en effet par le mariage des filles que se forgent les alliances, et par celui des veuves que se mènent les carrières : Simon de Colines doit sa brillante carrière à son mariage avec Guyonne Viart, la veuve d’Henri Estienne.

Épouser une veuve est souvent le moyen de mettre la main sur un fonds de librairie, et sur de coûteux matériels d’imprimerie : en 1520, lorsque le libraire Claude Chevallon épouse la veuve de Berthold Rembolt, il peut disposer de l’atelier du Soleil d’Or qui lui permettra de mener sous son nom une brillante carrière typographique.

Si la femme mariée n’est pas juridiquement autorisée à exercer une profession, il n’en est pas de même pour la veuve.

Si la femme mariée n’est pas juridiquement autorisée à exercer une profession, il n’en est pas de même pour la veuve : la coutume l’autorise à succéder à son mari à la tête d’une entreprise. Déjà en usage au XVIe siècle, cette pratique sera confirmée en 1618 par le premier règlement sur l’imprimerie et la librairie, qui stipule que « les veuves des libraires, imprimeurs et relieurs pourront continuer à tenir librairie, imprimerie et reliure, et avoir des Compagnons».

Si la plupart des veuves se remarient au bout de quelques mois, quelques-unes mènent une carrière longue et brillante. Deux d’entre elles sont devenues célèbres : Yolande Bonhomme, petite-fille de Pasquier Bonhomme et veuve de Thielman Kerver qui continue, de 1522 à 1557, à éditer les publications qui avaient fait la fortune de son mari ; et Charlotte Guillard, veuve de Rembolt, puis de Chevallon, qui poursuit les activités de sa librairie entre 1538 et 1556, publiant sous son nom près de deux cents éditions dont de nombreuses œuvres des Pères de l’Église.