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- Imiter l’écriture
L’évolution des outils-lettres mis à disposition du scripteur-mécanique (« tapugraphe ») permit de transcrire le plus efficacement possible une langue pour aujourd’hui permettre à partir du même outil de reproduire quasiment toutes les langues dont les signes sont typographiées.
Niveau : Collège (thématique « Arts, techniques, expressions »)
Enseignements impliqués : Arts, histoire, histoire des arts, technologie, sciences physiques
La casse de Gutenberg
Pour assurer le succès de son entreprise commerciale, Gutenberg imite dans un premier temps les formes auxquelles ses clients potentiels sont habitués, celles du livre manuscrit. Ce souci d’imitation, l’oblige à avoir recours à plus de caractères que les 26 lettres de l’alphabet (299 en fait). Par exemple, il reprend in extenso, le système des abréviations employées par les copistes (des lettres surmontées de signes qui ressemblent à des accents) dont il fait des caractères typographiques à part entière. Mais l’emploi de ces abréviations ne suffit pas pour obtenir avec des caractères typographiques les lignes d’égale longueur que montrent les manuscrits, Gutenberg est donc obligé de concevoir également des caractères ligaturés afin de donner plus de souplesse à son système technique. Aujourd’hui subsistent sur nos claviers certaines de ces lettres ligaturées, l’association de ces lettres collées les unes aux autres en modifiant le dessin (exemple : œ, æ, fi, fl, ...).
Il n’existe pas de traces de la manière dont les caractères étaient rangés pour permettre un repérage efficace mais on peut imaginer la difficulté à retrouver les signes adéquats dans leur multiplicité. La casse du XVIIIe montre une réduction de presque de deux tiers du nombre de signes.
Les casses XVIe et XVIIIe siècle
À l’époque de Claude Garamond, la typographie s’est progressivement dégagée de l’imitation de l’écriture et la casse typographique, ce meuble dans lequel sont rangées et stockées les lettres servant à composer le texte, n’en comporte plus qu’une centaine. Les ligatures y figurent, tout comme les signes de ponctuation, des espaces de différente largeur, et, en français, les lettres accentuées. On note les emplacements séparés pour les lettres capitales d’une part et d’autre part les lettres minuscules ou bas-de-casse, ce terme provenant de l’emplacement des cases de ces lettres sur le bas du meuble. Ces dernières étant plus fréquemment employées elles se trouvent ainsi à proximité du compositeur.
La casse ne comporte au XVIIIe plus que 115 cassetins, dont La taille et l’emplacement sont en fonction de la fréquence d’emploi des lettres dans la langue. Des dispositions différentes seront progressivement adoptées dans d’autres pays en fonction des spécificités linguistiques : dans les pays anglo-saxons, on emploie ainsi des casses ne comportant pas d’emplacement pour les lettres accentuées. D’autre part l’imprimerie a contribué à fixer et à normaliser les usages orthographiques. Aussi la fréquence de certaines lettres s’est accrue en fonction de ces conventions. En français la majuscule n’est employée qu’en début de phrase ou pour les noms propres, alors que dans d’autres langues elle est plus utilisée (exemple en allemand pour l’initiale de chaque nom commun) : les cassetins de capitales auront nécessairement une taille différente.
La machine à écrire
Bien avant l’ordinateur, la machine à écrire a sans doute été l’outil qui a le plus démocratisé la production de textes à l’aide de « lettres typographiques ». Cependant, la taille réduite de l’appareil oblige à restreindre de manière drastique le nombre de caractères mis à disposition : on atteint là sans doute le nombre minimum de signes nécessaires à la production d’un écrit mécanisé.
La disposition des lettres est due cette fois à un souci mécanique. Les tiges, au bout desquelles figurent les lettres qui s’impriment sur le papier, sont traditionnellement disposées en éventail ; deux tiges contiguës sont susceptibles de s’emmêler si elles sont actionnées trop rapidement l’une après l’autre. Les touches du clavier sont donc organisées pour que des lettres fréquemment sollicitées ne soient pas à proximité les unes des autres. La fréquence des lettres employées dans une langue donnée est donc ici aussi un paramètre crucial mais avec des conséquences toutes différentes.
Le clavier informatique
La force des habitudes prises avec la machine à écrire n’a pas permis de remettre en question l’organisation des lettres sur le clavier, malgré de nombreuses tentatives pour tenter d’en rationnaliser la disposition et minimiser le déplacement des doigts.
Cependant l’outil informatique, infiniment plus polyvalent que la machine à écrire, met aujourd’hui à la disposition du scripteur un nombre de caractères extrêmement impressionnant à partir d’un clavier presque équivalent. Une fonte numérique distribuée internationalement peut désormais contenir jusqu’à 65 536 caractères, c’est-à-dire tous les signes de toutes les écritures utilisées dans le monde.