Durant les premiers siècles de l’imprimerie, les caractères typographiques étaient rarement nommés autrement que par leur style : on pouvait acheter du « romain » ou de l’« italique » de telle ou telle fonderie, qui ne vendaient que des caractères de labeur (pour le texte courant).

Avec l’explosion de la production au XIXe siècle et un fonds historique de plus en plus riche dans lequel puiser, les fonderies produisent quantité de nouveaux types baptisés de noms variés. Un certain nombre d’entre eux empruntent aux patronymes prestigieux de graveurs de poinçons.

Des fonderies produisent quantité de caractères baptisés Garamond.

Au XXe siècle, avec l’accélération des redécouvertes et interprétations, l’inflation des « Garamond » incite les fondeurs qui veulent se singulariser à adopter les noms de ses confrères : Robert Granjon ou, plus tard, Jacques Sabon et Antoine Augereau. Paradoxalement, ces caractères, libérés de l’historicisme éclectique du XIXe siècle et des fioritures de l’Art Nouveau, sont plus proches du modèle original que les « Garamond» du début du XXe siècle, exception faite de celui de la fonderie StempelChristophe Plantin, imprimeur anversois du XVIe siècle, qui utilisait des types de Garamont, prête également son nom à plusieurs caractères. Si le Plantin de la Fonderie Typographique Française (FTF), gras et un peu bancal, n’a pas connu un vif succès, le Plantin Monotype, dessiné par Franck Hinman Pierpont en 1913, en revanche, est encore aujourd’hui l’un des caractères les plus fréquemment utilisés (dans sa version numérique, bien sûr) dans l’édition de textes courants. Les caractères de l’imprimerie plantinienne ont, par ailleurs, inspiré le célèbrissime Times New Roman de Stanley Morison et Victor Lardent (1931).