La Renaissance française ne saurait être décrite comme la simple importation de cultures antiques et italiennes dans le royaume de France. Les lettrés français participent activement au renouvellement des savoirs : ils sont eux-mêmes les créateurs d’une culture originale.

La fondation du Collège des lecteurs royaux traduit la volonté du roi de mettre en place une véritable politique culturelle, destinée à augmenter le prestige de la France aux yeux de l’Europe. C’est dans la même dynamique que le souverain finance un grand nombre de traductions préparées par des humanistes de la cour et imprimées par de grands libraires parisiens. Jacques Colin, lecteur du roi, publie ainsi les anciennes traductions françaises de Thucydide, de Diodore de Sicile, et d’Eusèbe de Césarée par Claude de Seyssel. De même Étienne Le Blanc, conseiller, et Antoine Macault, valet de chambre du roi, offrent-il respectivement à François Ier des traductions de Cicéron et de Diodore de Sicile.

La politique de traduction des textes latins traduit la volonté de forger une véritable culture en langue française.

Ce mouvement de traduction traduit la volonté, de plus en plus présente chez les lettrés français, de s’affranchir des modèles littéraires classiques ou italiens et de forger une véritable culture en langue vernaculaire. Dès 1529, dans son Champ Fleury, Geoffroy Tory revendique l’excellence de la langue française, « une des plus belles et gracieuses de toutes les langues humaines ».

Cette revendication se réalise dans l’élaboration d’œuvres littéraires originales, telle L'adolescence clémentine de Clément Marot publiée en 1532 qui commence par la traductions en français de textes de Virgile et de l'humaniste italien Filippo Beroaldo l'Ancien, et particulièrement chez les poètes de la Pléiade, pour lesquels Du Bellay rédige sa Défense et Illustration de la langue française, texte programmatique et véritable manifeste d'une culture française rénovée.