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- La lithographie et la lettre dessinée
En 1798, l’invention par Aloys Senefelder de la lithographie libère la lettre des contraintes imposées par le plomb depuis l’invention du procédé typographique au milieu du XVe siècle.
Dans cette technique, le lithographe dessine sur une pierre calcaire avec un outil gras (encre grasse, fusain, crayon gras), presque comme un simple croquis sur papier.
La fastidieuse préparation du caractère en plomb, son dessin, sa gravure, la frappe de la matrice, la fonte, etc., qui pouvait prendre plusieurs mois, peut être remplacée par un rapide dessin, à la main, facilement reproductible, bon marché, corrigeable à volonté.
Grâce à cette liberté nouvelle, la lettre « à voir», le caractère de titrage, gagne son autonomie par rapport à la lettre « à lire», le caractère de labeur. Les formes traditionnelles ne disparaissent pas, mais cohabitent avec les nouvelles lettres aux dessins de plus en plus fantaisistes.
« Dessiner une lettre presque comme un simple croquis sur papier »
Avec la chromolithographie (la lithographie en couleur), l’écriture en noir et blanc imposée par la typographie pour des raisons pratiques et économiques (il est moins onéreux et plus aisé d’imprimer avec une seule encre) est concurrencée par la lettre en couleurs, comme l’étaient les lettrines ornées des manuscrits médiévaux.
Une explosion créative va alors se déployer dans de multiples directions. L’une d’elle nous intéressera particulièrement ici : les procédés de report d’une image existante sur la pierre lithographique permettent de réaliser des facsimilés d’écritures anciennes, comme celles des manuscrits médiévaux ou des caractères d’imprimerie démodés. La citation historicisante fait alors son apparition dans le domaine de la lettre d’imprimerie. Parfois pour le meilleur, souvent pour le pire. Les caractères de Garamont, pas assez anciens, ni « gothiques » ni exotiques, trop équilibrés pour cette exubérance romantique, échappent semble-t-il à cette déferlante de « revival », du moins dans un premier temps.