Au début du XVe siècle, les lettrés italiens avaient délaissé la gothique au profit d’une écriture plus souple, désignée habituellement sous le nom d’humanistique, inspirée à la fois de la capitale romaine antique et de la minuscule caroline.

Lorsque Sweyheim et Pannartz installent leurs presses à Subiaco en 1465, ils réalisent que les caractères gothiques employés en Allemagne ne sont pas du goût des lecteurs italiens.

Ils fabriquent alors les premiers caractères reproduisant les formes de l’écriture humanistique. Cette lettre, désignée sous le nom d’antiqua ou de romain, triomphera dans l’imprimerie. Elle domine encore la typographie aujourd’hui. Sa variante cursive, connue en calligraphie sous le nom de Cancellaresca (chancelière), est réalisée à Venise pour le compte de l’imprimeur libraire Alde Manuce en 1499 : elle sera désignée en France sous le nom d’italique.

Les nouvelles lettres, désignées sous le nom de romains, triomphent dans l’imprimerie. Elles dominent encore la typographie aujourd’hui.

Employées d’abord en Italie, ces écritures passent rapidement les Alpes et rencontrent un vif succès en Suisse (à Bâle notamment, dès les années 1470) et en France. Dans toute l’Europe, les imprimeurs, même s’ils continuent par ailleurs à utiliser la gothique, choisissent le romain pour composer les textes latins des humanistes.

D’abord grasses et maladroites, les lettres romaines et italiques seront perfectionnées par des graveurs français comme Antoine Augereau, Simon de Colines, Claude Garamont ou Robert Granjon. Dans les années 1530-1540, leur silhouette s’affine et leur dessin se précise. Rapidement, les grandes fonderies européennes (celle de Plantin à Anvers ou de Le Bé à Paris) acquièrent ces polices de caractères : la typographie italienne, améliorée par les graveurs français, se diffuse ainsi à toutes les imprimeries d’Europe, qui l’emploieront jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.