À partir de 1536, Claude Garamont réalise des caractères romains qui s’apparentent à ceux dont Robert Estienne dispose depuis le début de la décennie.

Mais, les types d’Estienne demeurent à son usage exclusif, tandis que Garamont devient un des premiers graveurs de lettres à commercialiser ses créations. Auparavant, les ateliers gravaient et fondaient leurs caractères, et les employaient uniquement pour leurs propres parutions ou celles d’ateliers associés.

« L’âge d’or de la typographie » relève autant de l’épanouissement de la Renaissance au royaume de France que de la réforme religieuse.

Dans les débuts du XVIe siècle, la règle s’inverse; les imprimeurs possèdent désormais rarement leurs propres caractères et le commerce de la fonderie se développe. Le cas de Garamont est significatif à cet égard. Son nom devient emblématique au sein des métiers du livre de cette autonomie que gagnent les graveurs de caractères, même si ceux-ci caressent l’ambition, comme Garamont lui-même, d’accéder au statut de libraire-imprimeur. L’influence de Robert Estienne est considérable pour la qualité de ses impressions et l’aspect novateur et fonctionnel de sa typographie, de nombreux imprimeurs et typographes, Michel de Vascosan, François Gryphe, Jean I de Tournes, parmi d’autres, reprennent ses principes de mise en pages et se pourvoient en nouveaux caractères proches de ceux dont il s’est doté à partir de 1530.

Ses conceptions typographiques vont de pair avec une meilleure lecture des textes sacrés et avec le primat que le protestantisme naissant, dont Estienne est une des figures majeures, leur accorde. Le véritable âge d’or de la typographie française qui s’ouvre sous le règne de François Ier relève autant de l’épanouissement de la Renaissance au royaume de France que de la réforme religieuse à laquelle le monde de l’imprimerie adhère largement. Le modèle que représentent les types d’Estienne est ainsi mis en valeur par des imprimeurs et typographes réformés, comme Jean II de Tournes, Pierre Haultin, André Wechel qui, à l’instar de Robert Estienne quitteront la France pour se réfugier en Suisse ou dans les pays rhénans. Ils emporteront avec eux leur savoir et souvent leur matériel propageant la qualité des « garamonds » en dehors du royaume.