En 1545, Jean Barbé, libraire parisien, s’associe avec Claude Garamont qui, à l’instigation de Jean de Gagny, grand aumônier du Roi et chancelier de la Sorbonne, avait débuté dans l’édition en publiant en mars 1545 la Pia et religiosa meditatio de David Chambellan, ouvrage imprimé par Pierre Gaultier, son beau-frère.

« (Jean de Gagny) exhorta de toute sa bienveillance des hommes habiles pour que moi qui avais l’habitude de sculpter et de fondre les types de lettres, je pusse un peu recueillir les fruits de mon travail et m’approcher de l’art libraire» Claude Garamont, 1545.

Dans la préface en tête de cette édition, Claude Garamont affirme :

« talicarum itaque proxime ad Aldinas literarum typos sculpo, quam foeliciter alii iudicabunt, certe domini Danesii, Vatabli, aliorumque iudicio non ingratos : neque his contentus, animum adiunxi vt eiusdem proportionis ac formae minutulos typos (nostrae artis homines glossam vocant) effingerem » (f. 2 v°-3 r°).

« C’est la raison de mes types de lettres se rapprochant des Aldines, d’autres les jugeront avec plaisir, et déjà le jugement des seigneurs Danès et Vatable ne leur fut pas défavorable. Non content de cela je me suis efforcé de graver d’autres types de même proportion et de même forme plus petits (en termes techniques nous les appelons glosse) ».

Dans cette association à laquelle se joignent occasionnellement les libraires Thielman II Kerver et Jean de Roigny, Jean Barbé est sans doute le principal bailleur de fonds, alors que Claude Garamont semble surtout fournir les caractères typographiques et en particulier la « glossa » italique qu’il venait de graver. L’impression est régulièrement confiée à Pierre Gaultier qui par ailleurs exerçait aussi le métier de fondeur de caractères. Neuf éditions paraissent ainsi en 1545, dont six in-16, format le mieux adapté au petit romain italique de Claude Garamont (cf. Un Novum Testamentum imprimé par Pierre Gaultier pour Jean Barbé). Ils éditent en 1545 les deux premiers livres de l’Architecture de Sebastiano Serlio.