La composition typographique à la main avait un sérieux inconvénient : il fallait redistribuer les caractères dans les casses après chaque utilisation.

La machine Linotype, qui en fond de nouveaux pour chaque travail, supprime ainsi la moitié du travail de composition.

Au lieu d’aligner à la main les types en plomb, le linotypiste assemble automatiquement, au moyen d’un clavier, les matrices (ou moules) correspondantes aux lettres qui composent le texte. Chaque ligne est ensuite fondue d’un seul bloc par injection d’un alliage de plomb. Les matrices, correspondant aux caractères, sont identifiées (codées) par des formes crantées qui permettent non seulement de les sélectionner mais, surtout, de les redistribuer automatiquement dans un magasin porte-matrices une fois la ligne fondue. Les lignes de plomb sont recyclées après impression.

« Des caractères standardisés, calibrés et toujours neufs pour une composition allant jusqu’à 5000 mots à l’heure »

Si la Linotype a permis de multiplier par cinq la production horaire du compositeur, elle a aussi ouvert la voie à une nouvelle conception du traitement de l’information, en remplaçant des quantités importantes de caractères en plomb par plusieurs centaines de matrices codées.

Ce procédé a toutefois son revers : seules 18 largeurs de lettres sont possibles, ce qui oblige à « standardiser» des caractères dont les chasses (largeurs) étaient jusqu’alors plus libres. De plus, les matrices « duplexées » portant à la fois l’empreinte du romain et de l’italique, obligent ce dernier à avoir la même largeur que son équivalent romain alors que, traditionnellement, l’italique a pour particularité première non pas d’être penché, mais d’être plus étroit que le romain. Le Garamond a tout à perdre à de telles manipulations !