Dans les années qui suivent directement l’invention de l’imprimerie, les imprimeurs reproduisent les seuls modèles de livre qu’ils connaissent : les manuscrits. Ils reproduisent donc naturellement l’écriture, la mise en page et l’organisation du livre médiéval.

Comme les manuscrits, les premiers livres imprimés n’ont pas de page de titre : le texte débute dès le premier feuillet. Leurs caractères imitent l’écriture manuelle et leur mise en page reproduit les modèles médiévaux. Les livres de grands formats sont ainsi composés en colonnes ; parfois, un très long commentaire (glose) composé en petits caractères englobe intégralement le texte, comme c’était déjà le cas dans les manuscrits médiévaux. Le texte est souvent dense et comprend les abréviations que l’on rencontrait déjà sous la plume des copistes du Moyen Âge.

Les premiers livres imprimés reproduisent l’écriture et la mise en page des manuscrits médiévaux.

Il est d’ailleurs fréquent de voir des imprimés confiés à des enlumineurs, qui les décorent de la même façon que les manuscrits. Les imprimeurs continuent même à imprimer certains exemplaires sur parchemin. Si l’imprimerie est au point dès 1455, l’imprimé, lui, ne se distinguera du manuscrit que lentement et progressivement.

Les historiens et les bibliophiles ont ainsi été amenés à définir la notion d’incunable, dont la racine latine signifie berceau. Ce terme désigne les livres imprimés avant le premier janvier 1501. Malgré son caractère artificiel et rétrospectif, la notion d’incunable permet ainsi de distinguer les plus anciens livres imprimés, qui conservent les caractéristiques physiques des manuscrits, des imprimés modernes. Elle correspond pourtant mal avec la réalité, puisque les pratiques de mises en page évoluent plutôt au cours des années 1520-1530.