Les éditeurs, cherchant à être facilement identifiés par leur clientèle, s’attribuent des signes distinctifs.

D’abord, l’enseigne de leur boutique, qui peut être « pendante » ou « sur le mur ». Son motif est choisi avec soin : le Soleil d’Or évoque ainsi la fonction éclairante du livre, l’Ange lié rappelle le nom de son propriétaire, Arnoul Langelier ; la Gallée (galère) évoque à la fois le travail typographique (la galée étant un outil du compositeur) et le nom de son propriétaire, Galliot du Pré.

La marque des libraires est l’équivalent d’un logotype, qui permet au client d’identifier au premier coup d’œil le fabriquant d’un livre.

Les libraires cherchent aussi à rendre leur production aisément identifiable par la clientèle. Ils emploient pour ce faire une marque typographique. Cette gravure sur bois, d’abord reléguée à la fin du volume avec le colophon, puis (au début du XVIe siècle) rapportée sur la page de titre, possède avant tout une fonction publicitaire : elle est l’équivalent d’un logotype, qui permet au client d’identifier au premier coup d’œil le fabriquant d’un livre. L’objet représenté sur cette marque n’est jamais anodin.

Il peut s’agir d‘une marque « parlante », évoquant le nom de l’éditeur, comme celles de Geoffroy Tory (un « toret»), de Claude Chevallon ( un « cheval » ), de Simon de Colines (des « conils»), ou de Toussaint Denis (« Saint-Denis »). Le motif peut aussi rappeler l’enseigne de la librairie : Jean Dallier, installé « à l’enseigne de la Rose Blanche», prend pour marque une rose ; Chrétien Wechel, qui a pour marque un cheval ailé, prend pour enseigne le « Cheval Volant ». Le motif peut enfin, dans des cas plus rares, évoquer le travail de l’imprimeur, comme la célèbre marque de Josse Bade, qui nous montre ainsi son atelier typographique. Robert Estienne aurait choisi la marque de l’olivier en signe de reconnaissance pour sa grand-mère, Laure de Montolivet, qui était d’origine provençale, et comme devise, « Noli altum sapere sed time ».