Dans les années 1970, le Garamond quitte de plus en plus son statut de caractère de lecture courante pour s’installer dans le champ de la communication visuelle et composer logotypes, annonces presse, campagnes de publicité, etc.

L’International Typeface Corporation (ITC), basée à New York, publie en 1977 un Garamond dessiné par Tony Stan. « Multi-fonctions », il comprend des variantes grasses ou condensées, déclinaisons inconnues au XVIe siècle, et considérées par les typographes traditionalistes comme de véritables « hérésies ». Comme toutes les relectures de l’ITC, ce Garamond se distingue de son glorieux ancêtre par son plus grand œil (la différence entre majuscule et minuscule est moindre) et ses approches réduites (les espaces entre les lettres sont resserrés). Les lettres sont un peu malmenées et la grâce de l’original n’est plus guère perceptible dans cette version qui n’a pas la prétention de certaines de ses concurrentes mais est néanmoins l’une des plus fonctionnelles et économiques.

Le Garamond au temps de la photocomposition.

À l’opposé, le Galliard, dessiné par Matthew Carter en 1978, revient aux sources de Granjon et des caractères du XVIe siècle. Son dessin combine un tracé rigoureux, des proportions classiques et une vigueur très contemporaine, dont l’italique est particulièrement reconnaissable. Günter Gerhard Lange dessine quant à lui un Garamond pour la fonderie Berthold (1972), comparable en bien des points au Garamond Stempel, bien que légèrement plus gras et plus solide. Conçu pour la photocomposition, les restrictions de la typographie traditionnelle ne s’appliquent plus, ceci est particulièrement visible si l’on compare les « f » italiques : alors que celui du Garamond Stempel est moins penché que les autres caractères, avec des boucles très courtes, celui du Garamond Berthold peut allègrement se déployer au-dessus et en dessous des lettres avoisinantes.